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Cyberharcèlement
Qu'est ce que le cyberharcèlement ?
Selon le site du gouvernement, le harcèlement a pour but de « faire subir de manière répétée à un camarade des propos ou des comportements négatifs voire violents ». Il va donc se caractériser par une violence visible verbale (insulte, menace, moquerie,) ou physique (frapper, pousser, racketter). Mais celle-ci peut aussi être plus insidieuse, comme en isolant le harcelé en l’excluant des groupes ou en le faisant sentir pas à sa place.
Avec l’arrivée des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, cette violence a pris une nouvelle ampleur, car elle ne se limite plus à la sphère de l’école, elle suit le sujet jusque chez lui. Elle se définit aussi par des comportements comme l’intimidation, mise en place de rumeurs, usurpation d’identité, le revenge porn. A la différence du harcèlement « classique », dans le cyberharcèlement, la répétition n’est pas un critère. Les stigmatisations se fondent le plus souvent sur le rejet de la différence et vont s’en prendre à l’apparence, au sexe, à l’identité de genre, etc.
Comment l'expliquer ?
En se trouvant derrière son ordinateur, les cyberintimidateurs justifient leurs comportements par la distance qui pour eux ne rend pas leurs actions graves ou répréhensibles. Ils se dédouanent de tout sentiment de responsabilité. Cette interface entre l’agressé et la victime, qu’ils se connaissent ou non dans la « vraie vie », va créer un fossé émotionnel dans l’esprit de l’intimidateur. C'est l'une des grandes illusions amenées par l’usage d’internet : l’anonymat sur les réseaux sociaux. En prenant un pseudo, en cachant son identité ou en s’en prenant à quelqu’un possédant de la notoriété, les délinquants peuvent adopter des comportements qu’ils ne montreraient pas en société. Ils peuvent aussi se désintéresser des conséquences de leurs actes, ils préférant s’imaginer simplement le résultat et se dissociant donc de leur responsabilité morale. On retrouve dans les jeux vidéos des joueurs qui insultent copieusement les autres, les rabaissant et les menaçants en se justifiant que « si l’autre n’aime pas ce qu’il lit, il peut couper les communications ».
Mais tout n’est pas à mettre sur le dos de l’anonymat de quelques individus isolés. Malheureusement, ce phénomène est souvent pratiqué en groupe ou en meute. L’idée de ne pas être seul, de faire comme « ses copains », d’appartenir à un mouvement ou bien de ne pas vouloir être exclue et être le prochain (nous retrouvons plusieurs jeunes ayant subi du harcèlement et le faisant subir pour appartenir au groupe), tous ses facteurs jouent un rôle dans l’acceptation et reproduction des comportements agressifs chez les agresseurs.
Quelques termes pour caractériser ces comportements
Comme abordé précédemment, le cyberharcèlement se pratique bien souvent en groupe. Nous allons y retrouver plusieurs acteurs différents :
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Un bourreau et une victime initiale
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Les assistants du bourreau
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Les soutiens de ce groupe, pas forcément acteur direct, mais réagissant positivement
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Des témoins silencieux qui ne suivent aucun des clans
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Des défenseurs de la victime
Bien que le bourreau initial soit vu comme dominateur sur le net, dans son groupe, il va convaincre d’autres que la victime le mérite. Ses suiveurs vont répéter ses comportements (bien que certains ressentent parfois de la culpabilité) et d’autre vont les voir comme légitimes et les encourager. C’est malheureusement que le dernier groupe qui va vraiment pouvoir apporter son soutien à la victime, mais pour cela il faut que les comportements des précédents se passent en place publique (post publique) et non en privée, sinon le harcelé se retrouve livré à lui-même. Ce mouvement en meute est aussi appelé raids numériques. Son but, la vengeance ou tout simplement l’amusement.
Nous avons abordé dans notre précèdent dossier, les notions de « fake news, deepfake, usine à troll », ces mécanismes sont aussi utilisés, en plus de la désinformation, contre des individus afin de les faire passer pour des victimes justifiées, renforcé par les agresseurs et les trolls qui s’amusent juste de ce comportement. Dans cette situation, pas de tentative de manipulation politique, mais seulement des groupes malveillants, prenant plaisir à pousser à bout (voir l'article sur le Discord ayant pris le joueur de League of Legends « Sardoche » en chasse).
La vengeance pornographique (« revenge porn ») se caractérise par la mise en ligne de contenu privé réel ou trafiqué (avec du deepfake) mettant en scène la victime dans des situations à caractère érotique. Les raisons initiales sont diverses mais on y retrouve : les ruptures mal vécues, des tentatives de chantage ou bien juste pour l’amusement de partager à des amis ou inconnus. Mais quelle que soit la raison initiale, le coupable reste le diffuseur et non la victime. Il faut cependant faire attention à ce que l’on partage, mais une personne n’est pas responsable des intentions malveillantes d’autrui.
L’usurpation d’identité et le piratage de compte est en augmentation avec les tentatives permanentes de phishing (envoi de lien pour que la personne rentre ses informations sans se douter que l’expéditeur n’est pas celui qu’il prétend). Mais les harceleurs s’amusent aussi à créer de faux comptes pour contacter des proches, insulter d’autre personne en tenant pour responsable la victime initiale qui pourtant n’a rien envoyé et qui subira les conséquences de ces actions.
Quelles conséquences pour le harcelé ?
Une personne se retrouvant la cible de ces prédateurs peut se sentir isolé, perdu et démuni face à cette haine. Il aura malheureusement tendance à se replier sur lui-même, incapable de trouver des ressources ou de s’appuyer sur son environnement. De ce fait, nous pouvons observer l’augmentation de conséquences sur toutes les sphères de sa vie. Sur un plan scolaire, ce retrait peut bien entendu faire chuter ses notes et mettre en danger sa scolarité. Sur un plan psychique, nous retrouverons des symptômes dépressifs comme une perte de l’estime de soi, une anhédonie (perte de plaisir général), isolation, profond mal-être et dans les cas les plus graves des pensées suicidaires et des passages à l’acte. En effet selon une étude publiée par l’association e-Enfance, 69 % des jeunes harcelés ont ressenti des symptômes de leurs états et 49 % ont pensée au suicide. Nous avons malheureusement les cas de Lindsay, Lucas, ou d’un jeune adolescent à Poissy. Mais en France, ce sont encore plus de jeunes qui voient leurs vies impactées ou se finir à la suite de ces comportements.
Que faire pour lutter contre ces phénomènes ? Quelles sont les solutions ?
Concrètement, tout le monde doit agir contre cette violence et ne pas rester des témoins silencieux quand ils en ont l’occasion. Voici quelques comportements a adopté :
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Ecouter la victime
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Signaler les faits sur les plateformes
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Ne pas répondre aux commentaires malveillants
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Ne pas se venger
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Garder les preuves
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Verrouiller les comptes de réseaux sociaux
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Bloquer les personnes concernées
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Déposer plainte
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Proposer un suivi psychologique afin d’éviter que la souffrance se cristallise et impacte durablement le jeune.
Pour les élèves et étudiants, l’Education national a mis en place le dispositif pHARe (« programme de prévention contre le harcèlement à l’école »). Celui a pour but de mesurer le climat scolaire, d’éduquer, de prévenir, de former et d’intervenir dans les classes pour prévenir toutes les formes de harcèlement (physique, verbales ou cyber). Cette mise en place (pour l’instant dans 86 % des collèges et 60 % des écoles) permettrait à termes de sensibiliser toutes personnes au risque, de donner des ressources aux jeunes (numéro d’urgence, personnes soutient), de former les professeurs et de signaler la situation au Procureur de la République.
Il faut aussi sensibiliser les parents afin que ceux-ci puissent vérifier l’état psychique de leurs enfants en échangeant avec eux sur le déroulement de la journée, d’être à l’écoute d’éventuels changements de comportements. De ce fait, ils pourront communiquer avec l’école afin de mettre en place des solutions pour l’enfant.
Ils peuvent aussi accompagner l’enfant dans la création et la gestion de ses réseaux, à travers quelques conseils :
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Vérification des paramètres de confidentialités (public ou privé)
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Restriction des informations personnelles et des publications aux seules personnes autorisées
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Maitriser ses cercles de connaissances et faire attention aux demandes de contacts
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Maitriser la republication du contenu
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Faire attention avec les informations relayées, ne pas prendre pour argent comptant ce qui est sur internet.
Le cyberharcèlement dans l’actualité
Mercredi 31 janvier 2024, une audition a eu lieu avec les 5 patrons des réseaux sociaux et des services de messagerie les plus populaires (X, TikTok, Meta, Discord et Snapchat). Ils étaient accusés de ne pas avoir mis suffisamment de mesures en place pour protéger les jeunes contre les risques d’exploitation sexuelle et de harcèlement menant au suicide. Même si la loi ne peut tenir pour responsable les plateformes du contenu posté, la critique reste vive concernant les mesures de modération ou la protection des mineurs. Bien que Mark Zuckerberg (Meta) se soit excusé auprès des familles dont un enfant en a été victime, précisant que 20 milliards de dollars avaient été alloués au renforcement de la sécurité et la création de post de modération, beaucoup attendent de voir ce qui sera vraiment fait pour protéger les jeunes, considérant que ce n’est pas assez quant on voit les dérives et la violence toujours présentes sur ces médias.